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Durant la grande période qu’est le Moyen Age, de nombreuses épidémies de peste ont dévasté l’Europe.
La plus mortelle, celle qu’on appelle « La Grande Peste » en 1348 fait plus de 25 millions de victimes en cinq ans.
Avec les épidémies et les guerres, l’homme du Moyen Age connaît des périodes bien troubles et pense à l’avenir avec incertitude.
La Mort est partout, obsède les artistes et envahit les lieux de cultes.

L’imaginaire du Moyen Age est troublé de visions morbide. L’Église en use pour inspirer la crainte de la damnation chez les croyants.

Parmi cette abondance d’œuvres macabres, on retrouve notamment deux thématiques : la Danse Macabre et le Triomphe de la Mort.

Danses macabres

La danse macabre peut être une représentation littéraire ou picturale rappelant de façon allégorique le pouvoir inévitable de la Mort.

On considère la première Danse Macabre, celle du cimetière des innocents de Paris réalisée en 1424. Si le cimetière et la fresque ont aujourd’hui disparu, l’œuvre est reproduite sur des gravures en bois en 1485.

La Danse macabre du cimetière des innocents met en scène la mort avec un duo de personnages : le pape et l’empereur, le cardinal et le roi, l’avocat et le ménestrel…
Au total 30 figures représentant la société médiévale dans son intégralité et chaque âge de la vie. Les costumes et accessoires permettent d’identifier chaque personnage. Leur figure sérieuse contraste avec la Mort et son rictus moqueur.

On retrouve le plus souvent des danses macabres sur les murs extérieurs des cloîtres, charniers et les ossuaires.
Le plus souvent, c’est une farandole qui emporte toutes les couches de la société. La Mort n’épargne personne…

Les Danses Macabres deviennent populaires pendant la deuxième moitié du XV siècle, on en voit apparaître à Londres, à Bâle, à Lübeck… Peu à peu, le motif s’encre dans le folklore européen.

Danse macabre de Bâle

D'auteur inconnu, la fresque de Bâle est la danse macabre la plus célèbre et la plus reproduite.

La danse macabre de Bâle est l’une des plus célèbres représentations du genre et l’une des plus reproduites.
C’est une fresque de plus de 60 mètres de long ornant le cimetière du couvent des Dominicains. Réalisée en 1440 suite à un épisode de Peste dans la ville de Bâle, son auteur reste inconnu.

La mort emporte dans sa danse plus de 39 personnages, seul le fou semble ravi de la présence du squelette. Certains cadavres sont recouverts d’un linceul, d’autres s’emparent des attributs des vivants.
Les deux squelettes musiciens introduisant la fresque sont typiques de la danse macabre. Représentée avec un instrument de musique, la Mort mène la danse et séduit les vivants.

Motif artistique emblématique du Moyen Age, la Danse Macabre a marqué son époque.
Au XIXe siècle, certains auteurs comme Charles Baudelaire ou Edgar Allan Poe exhument cette tradition médiévale.
Le compositeur Camille Saint Saens s’inspire d’un poème d’Henri Cazalis pour composer sa plus célèbre pièce : Danse Macabre.
Et même la firme la moins macabre au monde, celle de Walt Disney, produit un court-métrage en 1929 intitulé Skeleton dance, danse macabre en français.

La "danse macabre" revisitée par Walt Disney

Triomphe de la Mort

Le plus ancien « Triomphe de la Mort » se trouve à Santa Croce, basilique néogothique à Florence. Il a été réalisé en 1348, année de la « peste noire » qui a ravagé l’Europe.

Au cimetière monumental « camposanto » de Pise, le Triomphe de la Mort prend la forme d’une fresque triptyque.
Une partie de la fresque montre de nobles chasseurs avec leurs chiens et faucons devant trois cercueils représentants différents stades de la décomposition.
Les vivants contemplent les défunts avec un regard méditatif sur la tragédie de la condition humaine.

Le Triomphe de la Mort au Camposanto de Pise réalisé en 1365

Ici, nous ne sommes pas tant face au Triomphe de la Mort, mais plutôt à un « Memento Mori », un rappel pour la jeunesse mondaine s’adonnant aux plaisirs de la vie de l’inéluctabilité de la mort.

Le Triomphe de la Mort de Brueghel

Le Triomphe de la Mort par Pieter Brueghel l'Ancien

Brueghel l’ancien, grand artiste flamand du XVI siècle, reprends en 1525-1530 le thème du Triomphe de la Mort. Inspiré des œuvres de Bosch, c’est peut-être le tableau le plus célèbre du genre.
Dans un décor lugubre, une armée de squelettes massacre les vivants et les précipite dans un cercueil démesuré.

Le Triomphe de la Mort est composé de différentes scènes représentant la mort sous toutes ses formes.
Le paysage désertique est peuplé de désastres : des incendies, des naufrages en arrière-plan. Les pendus et le supplice de la roue prennent la forme d’arbres décharnés.

Détail du tableau Le Triomphe de la Mort par Brueghel

Armée d’une faux, la Mort est représentée à cheval, rappelant le Triomphe de la mort de Palerme. Tel un général de guerre, elle dirige son armée de squelettes contre les vivants

Détail du Triomphe de la Mort par Brueghel
Le Triomphe de la Mort de Palerme

La table de jeux, les bouteilles d’alcool et les courtisanes rappellent les vices des hommes. Brueghel, moralisateur, évoque le sort funeste de ceux qui en abusent… Cependant, comme dans la danse macabre, la Mort triomphe sur tout le monde, riches comme pauvres, pieux et pécheurs.

Détail du tableau "Le Triomphe de la Mort" de Brueghel

Le Triomphe de la Mort connaît un renouveau à l’époque contemporaine surtout pour dénoncer les guerres et les répressions sanglantes.
C’est le cas notamment de La Mort triomphante d’Alfred Rethel inclus dans une série de gravures intitulée Une Autre danse macabre de l’année 1848.
Rethel évoque la révolution de 1848 avec la même iconographie que les artistes au temps de la peste.

Le renouveau du Triomphe de la Mort par Rethel en 1848

Ressources

Macabre traité illustré de la mort sous la direction de Joanna Ebenstein

La Mort dans l’Art

Analyse du Triomphe de la Mort de Brueghel

 

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